Le misérabilisme de luxe

Avec ses collections sorties des entrailles de la terre, Rei Kawakubo révolutionna les podiums. L’ensorceleuse de la mode imposa le vêtement démembré, troué, enchevêtré, non pas pour provoquer les esprits mais pour révéler l’architecture complexe de la coupe. En 2002, la presse tire à boulets rouges sur le défilé de John Galliano, parce que la collection « Clochards » dérange les invités enclins à saluer la féerie de la couture française. Le bon sens reprend le dessus, les excentricités rentrent dans le rang, tandis que le jean lacéré continue son ascension.

Christian Dior Haute-Couture printemps-été 2000

Le clochard de luxe de Christian Dior Haute-Couture printemps-été 2002

Pendant que la mode fait l’éloge des trous, plusieurs SDF sont morts en décembre. D’autres continuent de fouiller les poubelles. Leurs habits à eux sont troués par les vicissitudes de la vie. Chanel troue le haut et le bas et le luxe se paupérise. C’est le dernier caprice de la mode.

L'ensemble en maille rose bonbon de Cara coûte deux fois le SMIC

Chanel hiver 2015: l’ensemble en maille rose bonbon de Cara coûte une fortune

Les trous de Balmain

Les trous de Balmain

Rei Kawakubo pour Comme des Garçons 1982

Rei Kawakubo pour Comme des Garçons 1982

4 réflexions sur “Le misérabilisme de luxe

  1. PrincessK DJ dit :

    non définitivement, j’ai trop froid cet hiver pour me payer du « trou »!

    et puis en effet je ne me sentirais pas le coeur à cultuiver le misérabilisme luxueux, alors que je raccomode avec application les trous de mites sur chacun de mes vêtements de pure laine!

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